12 décembre 2011. La décapitation d’une femme reconnue coupable de « sorcellerie » est révoltante et montre à quel point il est urgent d’arrêter les exécutions en Arabie saoudite, a déclaré Amnesty International.
Arrêtée en avril 2009, AMINA BINT ABDUL HALIM BIN SALEM NASSER a été exécutée lundi dans la province d’Al Jawf, dans le nord du pays, après avoir été jugée et condamnée pour pratique de la sorcellerie.
On ignore les faits réels accusant cette femme mais on sait que l’accusation de sorcellerie est fréquemment usitée en Arabie saoudite pour punir, généralement à l’issue d’un procès inique, des personnes ayant simplement exercé leur droit à la liberté d’expression ou de religion.
Le ministère de l’Intérieur, a tenu à préciser que « le verdict contre la Saoudienne AMINA BINT ABDUL HALIM BIN SALEM NASSER, a été confirmée par les plus hautes juridictions de l’Arabie saoudite », sans donner de détails spécifiques sur les accusations. Il s’agit de la deuxième exécution de ce type au cours des derniers mois. En septembre, un Soudanais a été décapité dans la ville de Médine après avoir été reconnu coupable, lui aussi, de chefs d’accusation de « sorcellerie ». Il serait passé aux aveux après avoir été torturé et, jugé en l’absence d’avocat.
« Soumettre quelqu’un au châtiment cruel et ultime de l’exécution alors que la « sorcellerie » n’est pas définie comme un crime en Arabie saoudite est révoltant. La forte progression du nombre de condamnations à mort en Arabie saoudite est extrêmement préoccupante. Nous demandons régulièrement aux autorités saoudiennes de décréter un moratoire, comme première étape vers l’abolition de la peine capitale. Le droit international prévoit que, là où elle est encore utilisée, la peine de mort ne doit être prononcée que pour les crimes les plus graves. » a déclaré Philip Luther |Amnesty International |.
En Arabie saoudite, la peine capitale est appliquée à un grand nombre d’infractions allant du meurtre et du viol à des infractions telles que le blasphème, l’apostasie, la sorcellerie, l’adultère et les infractions à la législation sur les stupéfiants. En décembre 2010, l’Arabie saoudite a été l’un des quelques pays à voter contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur d’un moratoire mondial sur les exécutions.
Sur Twitter |en anglais|, Ahmed Al Attar, d’Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, tourne en dérision la nouvelle :
@AhmedwAlAttar: Lets all congratulate Saudi, the beheading of the dubiously-judged “witch” means they have now entered the 16th century.
@AhmedwAlAttar Félicitons tous les saoudiens, la décapitation d’une femme jugée de façon douteuse comme « sorcière » signifie qu’ils viennent d’entrer dans le XVIe siècle.
Le journaliste Tom Gara, qui vit aux Émirats, plaisante :
@tomgara: Doesn’t Saudi Arabia know that beheading a witch only increases her magical powers?
@tomgara L’Arabie saoudite ignore-t-elle que décapiter une sorcière ne fait qu’accroître ses pouvoirs magiques ?
Et le Canadien Kevin Carter ajoute :
@wapimaskwa69: Woman beheaded for being a witch. Not a Monty Python sketch, just another day in Saudi Arabia.
@wapimaskwa69 Une femme décapitée parce qu’elle est une sorcière. Pas un sketch des Monty Python, seulement une journée ordinaire en Arabie saoudite.
Le spécialiste en questions internationales Blake Hounshell, qui vit au Qatar, se demande :
@blakehounshell: Curious to know: How does one prove the charge of witchcraft in Saudi Arabia?
@blakehounshell Curieux de savoir : comment prouve-t-on l’accusation de sorcellerie en Arabie saoudite ?
Cette question a obtenu des réponses amusantes. Fatma Makki, de Mascate, en Oman, répond :
@fatamo: @blakehounshell 1)See if she floats if u drop her in a barrel of oil 2) Give her car keys: if she knows what to do with it she’s obv[iously] a witch
@fatamo @blakehounshell 1) Regarder si elle flotte quand on la plonge dans un baril de pétrole 2) Lui donner des clés de voiture : si elle sait quoi en faire, c’est évidemment une sorcière
Et Abdulla Al Romaihi, du Bahrein, ajoute :
@Abdulla287: No, they push them off a cliff if she flies she’s a witch, if not then she dies & goes to heaven ( :
@Abdulla287 Non, ils la poussent du haut d’une falaise : si elle vole c’est une sorcière, sinon elle meurt et monte au paradis ( :
Le nombre d’exécutions a presque triplé cette année en Arabie saoudite. À ce jour au moins 79 personnes - dont cinq femmes - ont été décapitées, contre 27 en 2010 | selon Amnesty International |. L’Arabie saoudite applique strictement la charia (loi islamique). Plusieurs centaines de personnes seraient sous le coup d’une condamnation à mort, dont un grand nombre « reconnues » coupables d’infractions à la législation sur les stupéfiants. Le plus souvent, ces personnes ne bénéficient pas de l’assistance d’un avocat et ne sont pas informées de l’évolution de la procédure engagée contre elles.
Sources : http://www.amnesty.org/fr ; http://globalvoicesonline.org ; Arabie saoudite;
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