27 juillet 2011
La situation se dégrade de jour en jour dans la Corne de l’Afrique où sévit la plus terrible sécheresse depuis des décennies. Les Nations unies estiment à 12 millions le nombre de personnes touchées. Parmi les pays les plus durement touchés figure la Somalie, officiellement reconnue par l’ONU comme pays en état de famine. On y recense déjà des milliers de morts. Les pays voisins (Kenya, en Ethiopie, Djibouti, Soudan et Ouganda) ne sont pas épargnés non plus.
Pour Jacques Diouf, directeur général de la FAO, il faut une « aide internationale massive et urgente » pour la Corne de l’Afrique.
Un gigantesque pont aérien, coordonné par le Programme Alimentaire Mondial, doit apporter environ 14 tonnes d’aide alimentaire aux Somaliens les plus en difficulté. Mais les choses ne sont pas simples, notamment pour distribuer de l’aide dans les provinces du sud de la Somalie, contrôlées par les shebab islamistes qui refusent de reconnaître la réalité de la crise alimentaire et rejettent ainsi toute aide internationale. C’est ainsi que des milliers de Somaliens quittent chaque jour le pays pour se rendre dans les pays voisins, eux-mêmes déjà très fragilisés par la sécheresse.
Face à une telle situation, la communauté internationale est appelée à se mobiliser. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon estime l’aide nécessaire à près de 1,5 milliard de dollars, tandis que Jacques Diouf précise que cette somme de 1,5 milliard de dollars est nécessaire dans les douze mois et qu’il faut également débloquer 300 millions de dollars dans les deux mois qui viennent.
Ban Ki-moon s’implique personnellement dans la mobilisation des donateurs, faisant savoir qu’il avait contacté directement les gouvernements du Qatar ou de l’Arabie saoudite pour leur demander de participer au financement de l’aide internationale.
La France, qui préside actuellement le G-20, « se veut » à la pointe de la mobilisation. Elle annonce avoir doublé sa participation, désormais fixée à 10 millions d’euros. L’Europe a annoncé quant à elle qu’elle débloquerait plus de 150 millions d’euros, et la Banque mondiale près de 500 millions d’euros. La Grande-Bretagne avait été le premier pays à se mobiliser en débloquant 60 millions d’euros, tandis que les Allemands annonçaient 5 millions et les Etats-Unis prévoyaient de contribuer à hauteur de 28 millions de dollars.
Malgré cela, on peine à atteindre les 50% de la somme prévisionnelle jugée indispensable pour l’aide humanitaire. Pour Bruno Le Maire, ministre français de l’agriculture : « Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, la faim sera le scandale de ce siècle ».
Beaucoup critiquent la lenteur de la mobilisation et rappellent que cela fait déjà deux mois que l’ONU avait lancé une alerte. Pour les ONG, la faiblesse des moyens jusque-là dégagés par les pays développés est inadmissible. Dans un communiqué virulent, un responsable d’Oxfam France s’interroge : « L’activité diplomatique déployée par la France ces derniers jours n’est-elle qu’un écran de fumée pour cacher la faiblesse de ses engagements financiers ? » .
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article5412
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